Henry V Roi d'Angleterre (tiré du Livre de J.Lachastre)

 

Henry V, qui arrive sur le trône d'Angleterre en 1413, hérite d'une situation assez difficile, mais il possède de solides qualités qui vont faire de lui un grand roi.

Henry V est d'abord un diplomate adroit mais intransigeant lorsqu'il s'agit de faire valoir ses droits. C'est un excellent organisateur, la campagne de France va être minutieusement préparée. C'est aussi un remarquable chef de guerre, il saura utiliser efficacement l'artillerie devant Harfleur et il gagnera la difficile bataille d'Azincourt. Des victoires et la conquête du royaume seraient un bon dérivatif au mécontentement de ses sujets et en particulier des contribuables excédés par le coût de cette guerre. Le roi chrétien rêve de l'union des deux royaumes et de cette nouvelle richesse qui lui permettrait d'organiser enfin une nouvelle croisade contre les Turcs.

Des négociations s'engagent avec la France mais les conditions anglaises sont inacceptables. Henry V fait donc accélérer le recrutement de l'armée et les préparatifs de la flotte.

Harfleur est choisi comme première cible de l'offensive. La prise de la ville forte doit ouvrir la route de la Normandie et du Royaume de France. Henry V veut faire du port d'Harfleur une solide tête de pont, un second Calais. Mais Harfleur est aussi un nid de pirates qui désorganisent le commerce dans la Manche et menacent continuellement les côtes anglaises . La prise du port doit assurer la sécurité des villes côtières et des navires marchands anglais.

 

"Oh, figurez-vous que vous êtes seul sur le rivage, et que vous apercevez une ville dansant sur les vagues inconstantes ; car telle apparaît cette flotte majestueuse qui se dirige vers Harfleur."

Shakespeare (Henry V)

 

 

Normandie

Angleterre

Royaume de France

 

Les origines de l'expédition : Charles VI "le Fou " 1368 - 1422


Jeanne de Bourbon, mère de Charles VI, avait en elle les germes de la folie et les lui transmettra. Ainsi ce dernier connaîtra un destin tragique et qui a failli causer la disparition de la France.

Il accède au trône à l'age de 6 ans. Ce seront donc ses oncles qui assureront la régence (les ducs de Bourbon, d'Anjou, de Berry et de Bourgogne). Seulement ceux-ci se battent pour le pouvoir, dilapidant le Trésor et rétablissant des impôts (la fouasse et la gabelle) tout en n'en augmentant le taux d'imposition. Cela eut pour conséquence de déclencher des révoltes (à Montpellier et au Puy) qui tournèrent en guerre civile qui sera matée par la levée de troupes qui seront ensuite utilisées contre les Flamands vaincus à la bataille de Roosebeke le 27 novembre 1382.

En 1385, Philippe de Bourgogne hérita de la Flandre, ce qui lui conféra plus de pouvoir. Il arrangea la rencontre de Isabeau de Bavière avec Charles VI afin de tenter un rapprochement de la France avec l'Empire allemand. Les deux jeunes personnes se marieront. Isabeau était une femme plutôt gracieuse mais se révéla vite une personne futile, avide de plaisirs et très égoïste. Charles VI a été décrit par un religieux de Saint Denis :

"Sa taille, sans être trop grande, surpassait la taille moyenne; il avait les membres robustes, une large poitrine, un teint clair, les yeux vifs. On remarquait en lui toutes les heureuses dispositions de la jeunesse. Fort adroit à tirer de l'arc et à lancer le javelot, passionné pour la guerre, bon cavalier, il témoignait une impatiente ardeur toutes les fois que ses ennemis le provoquaient pour l'attaquer. Il se distinguait par une telle affabilité qu'en abordant les moindres gens, il les saluait avec bienveillance et les appelait par leur nom. Il se fit remarquer dès ses premières années par sa libéralité ; plus tard sa munificence dépassa les bornes de la modération au point de faire dire qu'il ne gardait rien pour lui que le pouvoir de donner."

Cependant leur ménage paraissait harmonieux. C'est alors que Philippe de Bourgogne poussa Charles VI à préparer un débarquement pour reprendre Calais et soumettre la Flandre. Malgré les préparatifs, cela ne fit pas, mais les anglais alertés par ces intentions poussa à négocier avec ceux-ci. Richard II, pacifiste, accepta (il sera souverain de la Guyenne mais il doit rendre l'hommage de vassal à Charles VI).

En 1388, il renverra ses oncles, voyant qu'ils ne servaient que leurs intérêts personnels, assumant dorénavant seul le pouvoir (avec les anciens conseillers de son père, Olivier de Clisson, Jean de Vienne, Bureau de la Rivière, Juvénal des Ursins. Ils rétablirent l'ordre et modérèrent la fiscalité.

En 1392, de Clisson fut mortellement blessé. Charles VI entreprit une expédition punitive, et au Mans, pris d'un accès de folie tuera quatre de ses hommes à coups de hache.

Le 28 janvier 1393, lors d'un bal, Louis d'Orléans s'approche d'un groupe de danseurs vêtus uniquement de plumes avec une torche à la main. Or celle-ci enflamma ses danseurs parmi lesquels se trouvait Charles VI. Il fut sauvé de la mort par sa tante qui avait jeté son manteau sur lui. Cet incident contribua à faire vaciller à nouveau la raison de Charles VI. Jusqu'à sa mort, il y aura alternance de périodes de démence et de périodes consciente. Charles VI compris bien dans quel état il se trouvait.

Isabeau souffrira de l'état de son mari qui la repoussera dans ses périodes de démence. Elle multipliera les aventures extra conjugales, mais lui donnera plusieurs enfants (la paternité de Charles VI est parfois mise en doute). Cet état de santé s'en ressent également dans le gouvernement de la France.

La trêve avec les Anglais, confortée par le mariage de Richard II avec une fille de Charles VI, va connaître une anicroche. Richard II va jouer le roi absolu et confisque l'héritage de son cousin Lancastre. L'héritier, spolié, débarque en Angleterre et se proclame roi sous le nom d'Henry IV. Ce dernier ne pourra cependant rien tenter. C'est son fils Henry V qui envisagera de reprendre la guerre avec les français.

Les origines de ce nouvel affrontement sont à rechercher dans les ambitions du duc d'Orléans, souhaitant constitué un royaume fort en Italie, appuyées par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Ces vues entraient en contradiction avec la papauté. Cependant, quand le duc d'Orléans récupéra le Luxembourg, naquit un différent entre lui et le duc de Bourgogne, du moins son fils Jean, nommé Jean sans Peur (Philippe le Hardi meurt en 1404). En 1407 ce dernier mettra à mort son rival, le duc d'Orléans. Ce dernier laissera un fils marié à une fille du comte d'Armagnac et le pays se retrouva divisé en deux factions : les Bourguignon et les Armagnac. Une guerre civile pointe à l'horizon, les Bourguignons se montrant partisans des anglais.

Assuré de ce soutien moral, Henry V débarque le 12 août 1415 au cap de la Hève, s'empare d'Harfleur le 22 septembre et écrasera les français à la bataille d'Azincourt le 25 octobre 1415 (Charles d'Orléans, chef des Armagnac y sera fait prisonnier). Henry V sera le seul maître de la Normandie en 1417. Les Bourguignons s'emparent de Paris, matant la résistance des Armagnacs, livrant Paris à l'émeute et au massacre.

Une rencontre entre le dauphin, le futur Charles VII, et le duc de Bourgogne se termine par l'assassinat de ce dernier pour le punir du meurtre du duc d'Orléans. Philippe le Bon, fils du duc de Bourgogne signera avec les Anglais une convention le 2 décembre 1419 permettant de suspendre les hostilités. Elle sera suivie de la signature du traité de Troyes le 22 mai 1420 qui conclue le mariage de sa fille Catherine de France et de Henry V. Ce dernier, à la mort de Charles VI, Henry V deviendrait également roi de France. Compte tenu de l'état de santé de Charles VI, Henry V prend la régence et le dauphin (Charles VII) destitué de ses droits se réfugie à Bourges.

Henry V meurt à Vincennes le 31 août 1422. Charles VI le suivra le 21 octobre 1422. Henry VI sera proclamé roi d'Angleterre et de France le 11 novembre 1422. La trahison de Isabeau de Bavière laissait penser qu'il n'y aurait plus de roi de France.