Les origines de l'expédition : Charles VI "le Fou " 1368 - 1422
Jeanne de Bourbon, mère de Charles VI, avait en elle les germes de la folie et
les lui transmettra. Ainsi ce dernier connaîtra un destin tragique et qui a
failli causer la disparition de la France.
Il accède au trône à l'age de 6 ans. Ce seront donc ses oncles qui assureront la
régence (les ducs de Bourbon, d'Anjou, de Berry et de Bourgogne). Seulement
ceux-ci se battent pour le pouvoir, dilapidant le Trésor et rétablissant des
impôts (la fouasse et la gabelle) tout en n'en augmentant le taux d'imposition.
Cela eut pour conséquence de déclencher des révoltes (à Montpellier et au Puy)
qui tournèrent en guerre civile qui sera matée par la levée de troupes qui
seront ensuite utilisées contre les Flamands vaincus à la bataille de Roosebeke
le 27 novembre 1382.
En 1385, Philippe de Bourgogne hérita de la Flandre, ce qui lui conféra plus de
pouvoir. Il arrangea la rencontre de Isabeau de Bavière avec Charles VI afin de
tenter un rapprochement de la France avec l'Empire allemand. Les deux jeunes
personnes se marieront. Isabeau était une femme plutôt gracieuse mais se révéla
vite une personne futile, avide de plaisirs et très égoïste. Charles VI a été
décrit par un religieux de Saint Denis :
"Sa taille, sans être trop grande, surpassait la taille moyenne; il avait les
membres robustes, une large poitrine, un teint clair, les yeux vifs. On
remarquait en lui toutes les heureuses dispositions de la jeunesse. Fort adroit
à tirer de l'arc et à lancer le javelot, passionné pour la guerre, bon cavalier,
il témoignait une impatiente ardeur toutes les fois que ses ennemis le
provoquaient pour l'attaquer. Il se distinguait par une telle affabilité qu'en
abordant les moindres gens, il les saluait avec bienveillance et les appelait
par leur nom. Il se fit remarquer dès ses premières années par sa libéralité ;
plus tard sa munificence dépassa les bornes de la modération au point de faire
dire qu'il ne gardait rien pour lui que le pouvoir de donner."
Cependant leur ménage paraissait harmonieux. C'est alors que Philippe de
Bourgogne poussa Charles VI à préparer un débarquement pour reprendre Calais et
soumettre la Flandre. Malgré les préparatifs, cela ne fit pas, mais les anglais
alertés par ces intentions poussa à négocier avec ceux-ci. Richard II,
pacifiste, accepta (il sera souverain de la Guyenne mais il doit rendre
l'hommage de vassal à Charles VI).
En 1388, il renverra ses oncles, voyant qu'ils ne servaient que leurs intérêts
personnels, assumant dorénavant seul le pouvoir (avec les anciens conseillers de
son père, Olivier de Clisson, Jean de Vienne, Bureau de la Rivière, Juvénal des
Ursins. Ils rétablirent l'ordre et modérèrent la fiscalité.
En 1392, de Clisson fut mortellement blessé. Charles VI entreprit une expédition
punitive, et au Mans, pris d'un accès de folie tuera quatre de ses hommes à
coups de hache.
Le 28 janvier 1393, lors d'un bal, Louis d'Orléans s'approche d'un groupe de
danseurs vêtus uniquement de plumes avec une torche à la main. Or celle-ci
enflamma ses danseurs parmi lesquels se trouvait Charles VI. Il fut sauvé de la
mort par sa tante qui avait jeté son manteau sur lui. Cet incident contribua à
faire vaciller à nouveau la raison de Charles VI. Jusqu'à sa mort, il y aura
alternance de périodes de démence et de périodes consciente. Charles VI compris
bien dans quel état il se trouvait.
Isabeau souffrira de l'état de son mari qui la repoussera dans ses périodes de
démence. Elle multipliera les aventures extra conjugales, mais lui donnera
plusieurs enfants (la paternité de Charles VI est parfois mise en doute). Cet
état de santé s'en ressent également dans le gouvernement de la France.
La trêve avec les Anglais, confortée par le mariage de Richard II avec une fille
de Charles VI, va connaître une anicroche. Richard II va jouer le roi absolu et
confisque l'héritage de son cousin Lancastre. L'héritier, spolié, débarque en
Angleterre et se proclame roi sous le nom d'Henry IV. Ce dernier ne pourra
cependant rien tenter. C'est son fils Henry V qui envisagera de reprendre la
guerre avec les français.
Les origines de ce nouvel affrontement sont à rechercher dans les ambitions du
duc d'Orléans, souhaitant constitué un royaume fort en Italie, appuyées par
Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Ces vues entraient en contradiction avec la
papauté. Cependant, quand le duc d'Orléans récupéra le Luxembourg, naquit un
différent entre lui et le duc de Bourgogne, du moins son fils Jean, nommé Jean
sans Peur (Philippe le Hardi meurt en 1404). En 1407 ce dernier mettra à mort
son rival, le duc d'Orléans. Ce dernier laissera un fils marié à une fille du
comte d'Armagnac et le pays se retrouva divisé en deux factions : les
Bourguignon et les Armagnac. Une guerre civile pointe à l'horizon, les
Bourguignons se montrant partisans des anglais.
Assuré de ce soutien moral, Henry V débarque le 12 août 1415 au cap de la Hève,
s'empare d'Harfleur le 22 septembre et écrasera les français à la bataille
d'Azincourt le 25 octobre 1415 (Charles d'Orléans, chef des Armagnac y sera fait
prisonnier). Henry V sera le seul maître de la Normandie en 1417. Les
Bourguignons s'emparent de Paris, matant la résistance des Armagnacs, livrant
Paris à l'émeute et au massacre.
Une rencontre entre le dauphin, le futur Charles VII, et le duc de Bourgogne se
termine par l'assassinat de ce dernier pour le punir du meurtre du duc
d'Orléans. Philippe le Bon, fils du duc de Bourgogne signera avec les Anglais
une convention le 2 décembre 1419 permettant de suspendre les hostilités. Elle
sera suivie de la signature du traité de Troyes le 22 mai 1420 qui conclue le
mariage de sa fille Catherine de France et de Henry V. Ce dernier, à la mort de
Charles VI, Henry V deviendrait également roi de France. Compte tenu de l'état
de santé de Charles VI, Henry V prend la régence et le dauphin (Charles VII)
destitué de ses droits se réfugie à Bourges.
Henry V meurt à Vincennes le 31 août 1422. Charles VI le suivra le
21 octobre 1422. Henry VI sera proclamé roi d'Angleterre et de
France le 11 novembre 1422. La trahison de Isabeau de Bavière
laissait penser qu'il n'y aurait plus de roi de France.
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