Les bombardes tirent sur Harfleur

(tiré du Livre de J.Lachastre)

L'artillerie n'est pas une invention nouvelle, dès le XIVème siècle on signale sa présence dans les combats. Les bombardes de Crécy en 1328 sont restées célèbres. Ces premières "bouches à feu" n'ont cependant qu'une précision et une portée très limitées.

Les canons disposés devant Harfleur sont vraisemblablement du même type que ceux utilisés par les Anglais durant le siège du Mont-Saint-Michel, les fameuses "Michelettes"..

La fabrication de ces bombardes rappelle celle des tonneaux de bois. On dispose des lames fer forgé autour d'un cylindre de calibre donné et à chaud on enfile solidement autour, des cercles de métal. Nous ne connaissons pas le poids des bombardes utilisées à Harfleur mais en se référant aux boulets retrouvés on peut supposer de 3000 à 5000 Kg.

Canon du XVeme siècle - Musée Alcazar de Ségovie - Photo G.Lecornu

Ce long tube est disposé ensuite sur un affût de bois solidement fixé au sol par des pieux pour éviter le recul. Le pointage se fait avec des coins que l'on enfonce entre les éléments de l'affût.

A l'aide d'une longue cuiller de bois on dépose la quantité de poudre nécessaire au fond du canon, où elle est ensuite tassée à l'aide du refouloir. Le mélange est fait à la main et les proportions ne sont pas toujours fidèlement respectées. Parfois les artilleurs augmentent la charge de poudre, ce qui provoque l'explosion de la chambre.

Dès le début du XVéme siècle on utilise la granulation de la poudre, ce qui permet d'obtenir un mélange plus régulier.

Ces bombardes utilisent des boulets de pierre. Des projectiles en métal 4 fois plus lourds auraient nécessité une grande quantité de poudre et le tube de la bombarde n'aurait pas résisté. Les boulets retrouvés à Harfleur ont un diamètre de 13 à 55 cm et un poids qui varie de 3 à 200 Kg.

La mise à feu s'effectue par une ouverture située au dessus de la chambre : la "lumière". Une tige de fer rougie met le feu à la poudre et provoque l'explosion qui propulse le boulet.

                                                                                                

                                                                                                                                     Canon du XVeme siècle - Musée Alcazar de Ségovie - Photo G.Lecornu